L’étude épidémiologique « COVAL Nancy » a été menée pendant l’été 2020 par le CHRU de Nancy et des chercheurs du laboratoire avec le soutien financier de la Métropole du Grand Nancy. Elle avait pour objectif principal d’estimer le nombre de sérologies positives anti-SARS-CoV-2 (présence d’anticorps dans le sang), sur un panel d’habitants de la Métropole du Grand Nancy suite à la 1ère vague épidémique. Seule étude de ce type réalisée en population générale par le biais de 4 semaines de prélèvement sanguins auprès d’un échantillon de 2000 personnes, COVAL dévoile ses premières conclusions. L’article est disponible en pré-print sur MedRxiv.
Séroprévalence et facteurs de risque
43 personnes sur l’ensemble du panel (2,1%) étaient contaminées par le virus lors de la 1ère vague. Celles de 20 et 34 ans ont été plus touchées (4,7%). Une différence a été constatée entre fumeurs (1,2%) et non-fumeurs (2,4%) mais ce n’est pas significatif. Il n’y a pas non plus d’effet du sexe, de la taille du ménage, du statut pondéral ou de la présence d’une comorbidité. La séroprévalence est plus élevée dans les quartiers dont l’environnement est moins favorisé (zones d’habitat homogène à score de défavorisation plus élevé), mais pas plus élevée dans les ménages les plus précaires, probablement du fait d’un isolement plus important.
Les symptômes identifiés
16,3 % des personnes contaminées n’ont présenté aucun symptôme et 25% des participants ont déclaré au moins un symptôme de la COVID–19. 83,7 % des personnes contaminées (séropositives) avaient au moins un symptôme. La perte de goût et/ou d’odorat est fortement associée à la perte de souffle et à la fièvre. La grande majorité des personnes symptomatiques avait présenté des symptômes au mois de mars 2020, et presque plus aucun cas n’était enregistré après le 30 mars, ce qui montre un effet très net du confinement sur le ralentissement ou l’arrêt de la propagation de la maladie.
Séroneutralisation : détection des anti-corps anti SARS-CoV-2
Pour 72% des échantillons séropositifs, la détection des anticorps a été associée à une activité de neutralisation du SARS-CoV-2démontrée in vitro au laboratoire. Des études supplémentaires réalisées sur des populations variées devront préciser la durée de persistance de cette neutralisation sérique, sa corrélation avec la protection des individus contre l’infection et/ou la sévérité de la maladie COVID-19, et une éventuelle protection croisée contre des souches de SARS-CoV-2 qui vont évoluer sur le plan génétique.
Panel de l’étude COVAL
6094 foyers tirés au sort parmi les électeurs de la Métropole du Grand Nancy ont été contactés et 1111 (18,2%) foyers ont effectivement participé, soit 2006 personnes âgées de 5 à 95 ans dont 55% de femmes et 148 mineurs. 469 personnes sont venues seules, 938 sont venues à deux et 599 sont venues en famille de 3 à 6 personnes.
Un projet de recherche en santé interdisciplinaire
Elle illustre la mobilisation et la dynamique interdisciplinaire efficace de la recherche en santé – dans un temps très court, entre les virologues du laboratoire de virologie, les infirmiers et les méthodologistes du Centre d’Investigation Clinique du CHRU et de l’Inserm, et les mathématiciens de l’Institut Elie Cartan (CNRS-Université de Lorraine), avec le soutien financier de la Métropole. Un article scientifique est en cours de publication.
COVAL Nancy s’était également fixée des objectifs secondaires et, en particulier, d’estimer la proportion de cas asymptomatiques, de comparer les personnes infectées à des personnes non infectées sur des critères d’âge, sexe, statut pondéral, statut tabagique, activités professionnelles, niveau d’études, de déterminer la prévalence des personnes positives en fonction de leur niveau social et d’évaluer in vitro la capacité de neutralisation de l’infection virale en culture cellulaire par les anticorps présents dans le sérum de patients séropositifs au SARS-CoV-2.
L’investigatrice principale de l’étude COVAL Nancy est Evelyne Schvoerer, PU-PH du Laboratoire de Virologie, Département de Microbiologie du CHRU de Nancy en collaboration avec un comité scientifique composé de Anne Gégout Petit (Directrice de l’Institut Elie Cartan, Université de Lorraine), Francis Guillemin (PU-PH, Médecin coordonnateur du CIC-EC Inserm, CHRU de Nancy, Université de Lorraine), Hélène Jeulin (MCU-PH au Laboratoire de Virologie, Service de Microbiologie CHRU de Nancy), Karine Legrand (Coordinatrice d’Etudes Cliniques au CIC-EC Inserm, CHRU de Nancy, Université de Lorraine), El Mehdi Siaghy (Directeur de la Recherche et de l’Innovation CHRU Nancy), Pierre Vallois (Professeur Emérite à l’Institut Elie Cartan, Université de Lorraine).