2000 personnes tirées au sort
Cette enquête est le résultat d’une précieuse collaboration entre l’IECL, le CHRU de Nancy et la Métropole du Grand Nancy. L’objectif est de constituer de manière aléatoire un échantillon en grappes, représentatif de la population de la métropole, composé de 2000 personnes. La personne tirée au sort est invitée à bénéficier, avec les membres de son foyer, d’un test sérologique pour rechercher des anti-SARS-CoV-2, le virus responsable de la maladie COVID-19. Elle remplit ensuite un questionnaire explorant les caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, activité professionnelle…), médicales (mensurations, problèmes de santé, tabagisme…), ses contacts potentiels avec la COVID-19 et les symptômes.
Grâce aux résultats des tests sérologiques et des questionnaires, il sera possible de déterminer les facteurs de susceptibilité, autrement dit ce qui accroît ou au contraire ce qui diminue le risque de contracter le coronavirus. Parmi ces facteurs, les chercheurs du CIC-Epidémiologie clinique ont tenu à mesurer l’association avec la précarité. La nature et la fréquence des symptômes associés à l’infection virale seront également analysés.
Un territoire bien délimité
À la différence d’autres études de séroprévalence sur le territoire national, COVAL NANCY est construite sur un périmètre géographique bien délimité et s’étale sur une courte période de 4 semaines pour les prélèvements. De plus, elle s’intéresse à la contamination des ménages en incluant les enfants âgés de plus de 5 ans. Enfin, l’étude vérifiera, à partir des analyses sérologiques, si les anticorps prélevés peuvent combattre effacement le virus. Cette étape complètera les premières études qui semblent montrer que les anticorps protègent d’une nouvelle infection.
Evaluer le nombre d’asymptomatiques
Au-delà des estimations épidémiologiques « traditionnelles », l’analyse de ces données apportera quelques défis aux chercheurs de l’IECL pour construire un modèle probabiliste et statistique capable de distinguer le risque de transmission dans un foyer des autres risques de contamination. Des analyses statistiques, dites de clustering, regroupant des données selon une caractéristique commune, devraient permettre de savoir s’il existe des typologies de symptômes et si ces typologies sont liées aux facteurs de risque. Cette méthode analysera également les symptômes en fonction de la quantité d’anticorps observée.
Même si ce n’est pas l’objectif premier de l’étude, les quantités mesurées, notamment le nombre d’asymptomatiques, devraient permettre d’alimenter les modèles de propagation plus sophistiqués de type SEIR (pour Susceptible, Exposed, Infected, Recovered) pour prédire la dynamique de l’épidémie et tester d’éventuels scénarios.
Mené en un temps record, notamment grâce aux dispositifs réglementaires nationaux accélérés pour la recherche sur la COVID-19, le projet COVAL-NANCY allie les compétences de biologistes, médecins et statisticiens au service de la santé. Cette collaboration pluridisciplinaire espère apporter des réponses originales et novatrices dans cette situation sanitaire inédite. Ce qui augure bien de futures collaborations partenariales dans un contexte cette fois moins anxiogène.
Initié par Pierre Vallois, chercheur à l’IECL et spécialiste de modélisation probabiliste, rejoint par Anne Gégout-Petit, professeur à l’Université de Lorraine, et Nicolas Champagnat, chargé de recherche Inria à l’IECL, le projet est financé par la Métropole du Grand Nancy. Le CHRU organise la collecte des données. Evelyne Schvoerer, responsable du laboratoire de virologie, est l’investigatrice principale. Elle est assistée par Hélène Jeulin, pour le secteur des sérologies virales. Francis Guillemin, coordonnateur du Centre d’Investigation Clinique (CIC) et spécialiste en épidémiologie gère la partie méthodologie.