Pour les cinq ans de l’épijournal de géométrie algébrique, nous avons interviewé Pierre-Emmanuel Chaput sur le lancement de cette revue numérique au sein de l’IECL.
Qu’est-ce qu’un épijournal ? Quelle est la spécificité d’épiga ?
Un épijournal ou overlay-journal est une revue qui “publie” des articles déjà accessibles sur une archive ouverte (typiquement arXiv ou HAL). Plutôt que de publication, on pourrait d’ailleurs plutôt parler de post-labellisation. La sélection des articles suit le processus “simple aveugle” ayant cours dans la discipline : le rapporteur connaît l’auteur mais l’auteur ne connaît pas le rapporteur.
La plateforme Épisciences est une plateforme dédiée à l’hébergement d’épijournaux : elle offre une plateforme permettant la gestion du flux éditorial, un soutien logistique, l’hébergement du site web de la revue, une visibilité. Les revues hébergées sous Épisciences ont un modèle économique dit “diamant”, c’est-à-dire sans coûts ni pour les lecteurs ni pour les auteurs.
Une spécificité de la revue est peut-être d’avoir un fonctionnement bicéphale, avec la présence outre du comité éditorial d’un comité de suivi qui s’occupe de la vie administrative de la revue.
Comment le projet a-t-il commencé puis évolué ?
Le projet a été conçu en 2015, pendant une période de négociations avec l’éditeur Elsevier, insatisfaisante pour nombre de collègues pour plusieurs raisons (prix pratiqués mais aussi opacité des négociations). Après quelques mois de maturation du projet puis de tests de la plateforme Épisciences, constitution du comité éditorial et validation par Épisciences, le journal a été officiellement lancé en septembre 2016 et nous avons sollicité des soumissions pour le premier numéro, de 2017.
Par la suite, le référencement a été un axe de travail, ce point étant une condition sine qua non pour que certains auteurs soumettent leur travail. A ce jour, le journal est référencé dans MathSciNet, zbMath, Scopus, Web of Science.
Quelles ont été les difficultés et les satisfactions dans ce projet ?
Nous avons bénéficié d’un accueil très favorable de la communauté. C’est ainsi que des mathématicien-ne-s de renom ont publié dans le premier volume, et d’une manière générale le taux d’acceptation des articles est plus élevé que dans d’autres revues, ce que nous interprétons comme le fait que nos collègues donnent de la valeur au projet. Nous observons cependant que les soumissions européennes voire françaises restent sur-représentées et nous souhaiterions faire connaître davantage la revue au niveau international.
Outre le nombre et la qualité des soumissions, un autre point de satisfaction a été de voir d’autres revues se créer sur Épisciences – parfois après quelques échanges avec épiga d’ailleurs – et de voir des revues éditées par des éditeurs commerciaux migrer vers le système Épisciences, comme cela a été le cas récemment avec la revue d’informatique Fundamenta Informaticae.
Quel message souhaiteriez-vous adresser pour encourager la création d’épijournaux ?
Nous souhaitons faire passer le message aux collègues qui pourraient avoir le désir de créer un épijournal que nous serions très heureux de partager avec eux notre expérience (très positive), et de discuter de la faisabilité.
À nous de nous saisir des opportunités offertes par le courant actuel de la science ouverte (plan S, Fond National pour la Science Ouverte, …) et de multiplier les possibilités pour que les chercheurs désireux de publier leurs travaux dans des revues économiquement vertueuses aient un choix de plus en plus large.
Pour en savoir plus, retrouvez toutes les informations sur le site web Epiga